Pourquoi les enfants n'écoutent jamais leurs parents ?
Cela fait à peu près 122 fois que vous demandez à votre enfant de venir à table, de ranger ses affaires ou d'aller prendre sa douche. Au mieux, il vous ignore. Au pire, il vous répond "C'est bon j'ai compris" mais il ne se met pas pour autant en mouvement. C'est fatigant : pour eux comme pour nous. Plus on insiste, plus ils s'agacent, moins ils agissent et c'est le cercle vicieux !
Chez les plus jeunes enfants les phases d'opposition sont nécessaires au développement et sont aussi une manière de trouver l'attention des parents. L'humour, la diversion, sont autant de techniques pour aider nos tout petits à mieux contenir leurs émotions et diminuer les phases de crise et de colère.
En grandissant, les enfants semblent s'assagir et être plus enclin à faire preuve de discipline. Pourtant entre 6 ans et 10 ans (qu'on appelle phase de latence en psychologie) est compliquée à vivre : les enfants veulent être plus indépendants, ils ont moins besoin de notre attention et plus de celle des autres. Ils auront donc tendance à intérioriser ce qu'ils ressentent. Les problèmes de comportement sont fréquents chez les enfants à cet âge-là. Les parents de garçon ont d'ailleurs tendance à rapporter plus de difficultés.
Alors comment garder la communication ouverte avec nos enfants ? Comment faire en sorte qu'ils nous écoutent sans se sentir brider ? Comment s'assurer que l'on puisse se faire entendre sans entraver leur besoin d'autonomie ?
Voici donc quelques conseils dans cet article pour mieux appréhender le comportement de notre enfant entre 6 ans et 10 ans.
Astuce 1 : pour les activités quotidiennes, utilisez la méthode P.A.R.C
Arrêtez d'enfoncer des portes ouvertes car cela n'aura aucun impact sur le comportement immédiat de votre enfant. "Sois poli", "Mange proprement", "Va ranger ta chambre" ! Tout ça votre enfant le comprend : il a bien intégré que ces règles de vie étaient importantes. Il a donc besoin que soyez un peu plus précis pour se mettre en action. La méthode P.A.R.C consiste donc à donner des consignes de la manière suivante :
P comme précis.
Votre enfant sait qu'il doit être poli mais plus précisément, qu'est-ce que cela signifie ? "Pour être poli, il faudrait que tu attendes que tout le monde se soit servi avant de manger toutes chips de l'apéro". De la même manière "Mange proprement" peut avoir une définition totalement différente que l'on soit en Inde ou dans le Morbihan mais aussi que l'on ait 8 ans ou 42. Il s'agit don de préciser sa pensée "Il serait préférable de rapprocher ta chaise de la table et d'utiliser tes couverts plutôt que d'aspirer les spaghettis par le nez",
A comme abréger.
L'idée ici est de limiter le nombre de consignes. Certes, on vous a répété qu'à partir de 3 ans, ils pouvaient gérer 2 consignes à la fois mais c'était à l'époque ou ramasser leur linge sale semblait amusant. Là, il va falloir les aider à se focaliser. Une chose à la fois, maximum 2. On essaye aussi d'aller à l'essentiel. Par exemple : laver les dents. Maintenant. 3 minutes.
R comme répétition.
Ce sont souvent les parents qui doivent répéter 10,543 fois les choses aux enfants. Le mieux pour que cela ne se produise pas est de demander aux enfants de répéter afin de s'assurer qu'ils ont bien compris la consigne. Cela peut vous faire rire doucement mais c'est souvent très important pour éviter les malentendus : vous pouvez penser qu'il a comprise quand vous dites ramasse ta serviette dans la salle de bain mais votre enfant lui n'a peut-être pars compris que vous attendiez qu'il le fasse tout de suite ;).
C comme contact.
"Allô Houston ? Vous m'entendez". Etablir le contact visuel avec la cible est essentiel pour s'assurer que son attention est bien focalisée sur ce que vous êtes en train de lui demander. Cela peut sembler évident mais en réalité, même lorsque l'on vit sous le même toit, on passe très peu de temps à se regarder dans les yeux ! En réalité, on passe pas mal de temps à s'éviter. Par conséquent quand on parle, les autres ont fini par s'habituer à notre présence sans pour autant y faire attention. Et c'est justement ça le problème : on a besoin de leur attention, donc on s'assure que la liaison est bien établie avant de communiquer.
Le mieux est vraiment d'appliquer cette méthodologie sur le ton de l'humour. La fermeté et la discipline, c'est pas pour tout le monde. L'humour permet d'éviter les situations de crise et oblige l'enfant à rester détendu puisque c'est fait sur un ton léger.
Astuce 2 : pour vous faire entendre, ne dites rien.
Avant d'exiger quelque chose de la part de vos enfants, demandez-vous si c'est vraiment utile. Soyons clairs, chacune de vos demandes va solliciter beaucoup d'énergie, alors il va falloir se focaliser sur les priorités : les devoirs si c'est important pour vous ou l'organisation. Le reste du temps, lâchez-lui la grappe. Il faut le laisser respirer, profiter du silence. S'il est dans un brouhaha incessant et des sollicitations en permanence, il va se mettre en mode veille et simplement vous ignorer. Ça vous évitera aussi les "Tu me dis TOUT le temps ce que je dois faire".
Pour se passer de mots, on peut utiliser des images : les règles affichées sur le frigo avec des images ou des phrases simples ne sont pas une exclusivité de la discipline Super Nanny. Peu importe l'âge ces rappels sont toujours utiles et permettent d'ancrer les habitudes sans avoir à se répéter. Et ça c'est essentiel au bien-être de toute la famille.
Astuce 3 : utiliser la matrice important pour mes enfants / irritant pour moi
On a tous nos petites manies. Il y a ceux pour qui les bruits de bouches sont insupportables. Il y a ceux qui ne peuvent pas sortir de la maison sachant que les lits ne sont pas faits. Il y a ceux pour qui l'hygiène prime avant tout. Bref, on a tous des TOC. Si nous avons appris à vivre avec nos défauts, ce n'est pas le cas de nos enfants. Avant 6 ans, les enfants pensent que ces lubies sont tout à fait normales; il leur arrive même de nous imiter. Mais passé cet âge, il réalise que leurs parents sont en faut un peu maniaques.
Pour le bien vivre ensemble, il est important de définir les priorités. Dans la vie professionnelle, il existe une matrice urgent / important permettant de définir les priorités dans le travail. Bien que la mise en pratique de cette matrice, soit parfois douteuse, elle a tout de même servi de base pour créer la 1,2,3 Matrice essentiel / irritant décrit ci-dessous.
En général, c'est toujours mieux de faire cette liste ensemble : d'abord avec son conjoint ou le co-parent puis avec le ou les enfants. On commence par faire la liste des règles : faire son lit tous les matins, faire les devoirs seuls, manger une menu équilibré, parler correctement ... C'est à vous d'établir cette liste car il n'en n'existe pas de toute faite. Puis on va rapporter cette liste dans le tableau ci-dessus selon les critères suivants :
Si c'est une règle essentielle à l'éducation de mon enfant et que le manquement à cette règle est insupportable pour moi, cela va dans la catégorie "Priorités non négociables". Ce sont les règles pour lesquelles votre enfant n'aura pas le choix, il devra s'exécuter. On peut trouver dans cette catégorie : pas d'écran à table, faire ses devoirs en temps et en heure ou encore manger ensemble au moment des repas.
Si c'est une règle essentielle au développement de votre enfant mais que cela vous laisse de marbre qu'il s'y plie ou pas, on mettra cela dans la catégorie "Ce n'est quand même pas négligeable". Par exemple, se laver les dents 3 fois pas jour, c'est important mais il est possible que pour vous ce ne soit pas vraiment gênant pour vous s'il ne s'y plie pas . Alors évidemment on va quand même essayer de faire en sorte qu'il soit suffisamment assidu pour ne pas finir comme Jacquouille la Fripouille mais on ne va pas se mettre en 4 si jamais il rate une ou deux occasions.
Si c'est une règle non-essentielle et non-importante pour vous, on va tomber dans la catégorie "On va pas se prendre la tête pour ça". C'est à dire que vraiment c'est une série de règles sur lesquelles on va s'asseoir, histoire de s'économiser un peu d'énergie.
La dernière catégorie est la plus compliquée : non essentielles pour le développement mais ultra importantes pour vous et vos manies. Si vous êtes multi-maniaques - au-delà du fait que votre famille doit vivre un enfer- il va falloir faire un effort. Ce petit travail vous permet déjà de prendre conscience que c'est important pour vous mais pas essentiel : peut-être que cela vous aidera à relativiser. Ensuite, parlez-en avec les enfants : expliquez-leur que c'est important pour vous, que vous êtes prêts à faire des compromis sur d'autres choses mais que sur cet aspect, vous aimeriez qu'ils fassent des efforts.
Tout cela peut vous sembler un peu ridicule mais vous verrez que cela va réduire les demandes que vous faites à vos enfants d'au moins 50%. Et mathématiquement, moins on en demande, plus on a de chances de se faire entendre (enfin peut-être pas mathématiquement mais selon la méthode empirique).
Astuce 4 : Dites à votre enfant ce qu'il veut entendre
En réalité pour qu’ils nous entendent, il faut utiliser des mots clés. Si vous dites ranger et chambre, aucun de ces mots n’est associé à la zone la plus réactive du cerveau, celle du plaisir. Essayez de glisser les mots « Switch », « Bonbon » ou « Disneyland » et vous verrez il réagiront en un clin d’oeil. Alors me direz-vous, faut-il promettre 1h de Switch pour qu’il range sa chambre ? Pas du tout, ce serait trop facile. Le but est simplement d’utiliser ces mots pour attirer leur attention. C’est un peu comme quand ils prononcent un gros mot pour attirer la notre, d’attention. On utilise les mots clés de manière stratégique.
Exemple :
« - Voir tout ton linge sale ramassé et déposé dans le bac à linge sale, c’est presque aussi bien que de jouer à la Switch !
- Hein, quoi la Switch ?
- Ah tu m’as entendu ? Je disais que tu devrais mettre ton linge qui traine dans la salle de bain au sale. Tu verras c’est mieux qu’une partie de Switch »
A utiliser avec parcimonie car sinon ils ne tomberont plus dans le panneau. Une autre technique consiste à leur faire un compliment.
Encore un exemple
" - Wow, il parait que tu sais jongler ? C’est vrai ?
- Oui, tu veux que je te montre ?
- Mais du coup tu peux ramasser ton linge sale qui traine dans la salle de bain ?
Voilà, aucun rapport
Astuce 5 : faire passer un message à votre enfant (littéralement)
Imaginez la scène…. Votre enfant avachi sur le canapé, la tête en bas et les pieds en l’air. Soudain il reçoit un avion en papier contenant un message secret, qu’il va falloir décoder…. Après quelques minutes de réflexion, il découvre le message : « Urgence : il faut vider le lave-vaisselle dans les 5 prochaines minutes sinon le monde va disparaitre »
Il n’est certes pas garanti qu’il s’interrompe mais cela aura au moins eu le mérite de le faire sourire (peur-être), de faire marcher son cerveau (éventuellement) et de lui laisser penser que ses parents sont quand même un peu marrants (hypothétiquement),
Plus à la mode pour les possesseurs de Smartphone, leur envoyer un SMS ou une invitation dans leur calendrier
Si l’on devait résumer les points clés pour faire en sorte que les enfants écoutent :
Limitez le nombre de messages
Varier les modes de communication
Ecoutez-les aussi pour comprendre les sujets qui vont les intéresser
Gardez un ton léger : rien de pire qu’un parent qui prend un air solennel devant une assiette pas terminée
Les garçons sont-ils plus compliqués à gérer que les filles ?
Une autre hypothèse serait qu'entre 7 et 10 ans, c'est plus compliqué avec les garçons qu'avec les filles. Ce n'est pas du tout prouvé scientifiquement mais toujours est-il que si l'on s'en réfère aux nombres d re recherches Google mentionnant "Problème comportement garçon 10 ans", il est possible que dans les faits, les parents de garçons perçoivent plus de difficultés (selon l'adage c'est plus compliqué avec les filles après...).
Et si l'on y regarde un peu plus près, il y a une autre corrélation : l'usage des jeux vidéos et des écrans. Alors on est bien d'accord, on ne veut pas diaboliser les écrans mais il faut quand même rester prudent sur leurs usages pour les enfants entre 6 et 10 ans, en pleine période de latence. Pourquoi ?
D'abord parce que ce sont encore des enfants. Grandir trop vite n'apportera rien. Se plonger dans les univers des jeux vidéos, c'est passer moins de temps à explorer, à découvrir, à inventer. Pas besoin de faire des études complexes pour arriver à cette conclusion.
Ensuite parce que nous sommes pas tous égaux devant les conséquences les jeux vidéos : il y a un côté addictif qui est certain mais il y a des enfants pour qui c'est plus facile à contrôler que pour d'autres. Si vous voyez que quand votre enfant joue son rythme cardiaque s'emballe ou que systématiquement après avoir joué il est surexcité, n'hésitez pas à plus cadrer leur usage.
Pour plus d'information sur l'usage des écrans, vous pouvez aussi aller sur App-enfant.fr et retrouvez de nombreux articles sur la manière de gérer les écrans âge par âge