Le burn-out, un nouveau phénomène ?
Cela fait plusieurs années que l'on entend de plus en plus parler de burn-out que cela soit le burn-out professionnel ou le burn-out parental. Est-ce simplement le nouveau nom donné à la dépression ? Est-ce que les nouvelles générations sont devenues moins résistantes et craquent plus facilement sous la pression ? Ces situations sont réelles même si le burn-out, quel qu'il soit, n'est pas officiellement reconnu comme une maladie. Pour faire simple le burn-out c'est quand on n'en peut plus au point de penser qu'il n'y a plus d'issue : perte de confiance, irritabilité, démotivation totale, incapacité réelle à faire face à ses responsabilités... Le burnout est la cause de la dépression et non sa conséquence.
Ce phénomène n'est pas nouveau mais la solitude et la perte de sens, que ce soit pour le parent ou l'employé, pourraient être à l'origine de cette tendance. Les parents sont de plus en plus en plus seuls face à la responsabilité de l'éducation de leurs enfants : on le dit souvent "il faut tout un village pour élever un enfant" mais au XXIème siècle, le parent est très seul.
Si l'école reste un pilier indispensable, ces deux dernières années - entre confinement et fermetures de classes - ont rajouté une pression supplémentaire sur nos épaules. Les grands-parents sont moins présents et les réseaux sociaux ne créent pas toujours du lien même s'ils sont censés être une source de lien social. Bref, le burnout est une réalité qui est souvent liée à un décalage entre l'évolution de la société et les systèmes existants.
Qu'est-ce qui mène au burnout parental ?
Ne pas trouver de sens dans son travail, cela semble envisageable. Ne plus trouver de sens dans son rôle de parent, cela semble impensable. C'est d'ailleurs pour cette raison que ça reste un tabou. Qui oserait avouer qu'il n'en peut plus de ses enfants ? Qu'il ne trouve plus de plaisir dans son rôle de parent ? On voit mal une maman débarquer à la sortie d'école et dire "Je n'en peux plus de ma vie de famille ! Je ne peux plus encadrer mes enfants !". Et pourtant c'est ce que l'on ressent quand on est en burnout parental. Pourquoi ?
On ne peut pas aimer être parent H24
D'abord, la différence principale avec les siècles précédents c'est que dans la majorité des cas, on fait le choix de devenir parent : on choisit son partenaire, on arrête sa contraception et on décide d'avoir des enfants. S'il y a des difficultés à la procréation, on peut bénéficier d'un accompagnement médical. Alors si cet enfant a été si désiré, on doit forcément aimer ce statut de parent 24h/24 ? Craquer et ne plus en pouvoir face à ses enfant n'est pas "acceptable".
Il faut pourtant distinguer le fait d'aimer être parent du fait d'aimer ses enfants. On a beau jouer le plus beau rôle de sa vie, on ne peut pas aimer être une seule et même chose tout au long de la journée. Si je suis gourmand, je ne passe pas ma journée à manger ! Si je suis une vraie marmotte, je ne passe pas ma journée à dormir. La parentalité n'est pas toujours une partie de plaisir - c'est parfois même un enfer - mais quand on a tout ce qu'il faut pour faire face à cette responsabilité, on n'a pas envie de l'avouer. C'est ça qui va mener au burnout parental.
On devient parent et on le reste
Si l'on continue sur cette idée de désir, il vous est certainement déjà arrivé de désirer quelque chose ardemment que cela soit une jolie paire de bottes ou le beau gosse de la cour d'école au collège. Et puis peut-être avez-vous eu la chance de sortir avec ce garçon que tout le monde voulait mais vous avez fini par changer d'avis. Vous avez peut-être claqué vos économies pour acheter ces chaussures de vos rêves et puis vous les avez rendues au magasin.
Dans la plupart des cas, on fait des choix et on peut changer d'avis. On peut s'échapper. On peut changer. On peut échanger. Quand on devient papa ou maman, on le reste. On ne peut pas échanger l'enfant ou le rendre. On pensait que le fait d'être parents aller augmenter notre bien-être alors qu'en réalité, il faut se sentir bien pour être parents.
Encore une fois, l'amour que l'on a pour nos enfants est souvent bien plus solide que le coup de coeur qu'on a eu pour le BG de la récré mais la permanence du statut de parent couplée au fait d'avoir désiré ses enfants rend tout cela très lourd à porter. Surtout, cela ne laisse pas de place au ras-le-bol par peur du jugement ou par peur de l'échec, alors qu'en termes d'éducation la notion de réussite est difficilement mesurable - surtout à court-terme.
La charge mentale des parents, entrave de leur bien-être
Dans une certaine mesure, avant les couples étaient complémentaires. Chacun son rôle. Certes, tout le monde n'y trouvait pas son compte en termes d'épanouissement mais les responsabilités étaient, dans une certaine mesure, réparties. Aujourd'hui, dans le monde occidental, les deux parents doivent pouvoir avoir un travail épanouissant, être indépendants financièrement, s'occuper des enfants, ... Tout le monde fait tout. Cela devrait être un soulagement et diminuer les cas de burnout parental ? Certes, cela donne plus de liberté mais cela augmente aussi considérablement la charge mentale (la fameuse !).
La to-do list s'allonge donc et on a plus de choses auxquelles penser. Se préoccuper de tout ce qui passe au travail, organiser la garde des enfants, gérer le périscolaire, surveiller les devoirs, prendre soin de soin, manger équilibré et bio, faire les courses, avoir une vie sociale...Les parents sont chacun responsables de l'ensemble de ce qui se passe à la maison et en dehors. On leur explique aussi qu'ils doivent faire du sport et ne pas négliger leur couple pour leur bien-être. On a tous nos limites et on comprend bien que cela peut mener à l'épuisement et au burnout parental.
Elever un enfant est une tâche très complexe et les parents sont souvent seuls face à elle
Avant les enfants venaient au monde et on essayait de faire en sorte qu'ils survivent, qu'ils atteignent l'âge adulte en bonne santé. Ensuite, la fonction des parents était de leur donner une éducation qui leur permette de trouver un emploi et de réussir professionnellement. Depuis peu, les géniteurs sont responsables de l'épanouissement global de leurs enfants et de leur bien-être. Rien que ça. C'est une sacrée responsabilité et dans garantie de résultat. Surtout qu'il va falloir attendre encore quelques années avant de savoir si cela va tenir. On se met cette pression aussi parce qu'on a aussi l'impression que nos propres parents sont responsables de ce que nous sommes ou ne sommes pas devenus : vous avez peut-être rencontré au cours de votre vie, une psychologue qui vous a expliqué que votre anxiété venait du comportement de votre mère et vous ne voudriez absolument pas faire subir la même chose à vos enfants. Vous voyez là encore la force motrice du fameux burnout parental.
La cerise sur le gâteau face à toute cette pression, ce sont les réseaux sociaux
Quand on a des enfants, on va forcément s'intéresser au sujet. Avant, il y avait les autres parents, la famille, les amis, les livres. Maintenant, il y a aussi Instagram et Facebook. Certes c'est une source d'information extraordinaire mais comme la pornographie peut donner une image erronée de la sexualité, Internet peut donner une image erronée de la maternité. On y voit des mères toujours bien apprêtées qui font des gâteaux en forme de licorne à leurs enfants alors que nous sommes au bord de l' épuisement en jogging et les cheveux gras. La recherche d'information sur les réseaux peut augmenter le niveau de pression plutôt que d'apporter des solutions. Il existe de plus en plus de groupes de paroles qui offrent une vision plus décomplexante mais le fait que ces informations soient disponibles en permanence et occupent une grande partie de notre temps d'écran quotidien (déjà trop élevé) augmente considérablement l'impression que le sujet de la parentalité est lié à la performance.
Le parent en burnout devient tout ce qu'il ne souhaitait pas être en pire
Le plus compliqué dans le burnout parental c'est que les symptômes - entre autres l'irritabilité, la négligence voire la maltraitance - sont à l'exact opposé de ce qui a provoqué cette situation : c'est comme si l'on souhaitait arrêter de fumer mais que sous la pression de cette tentative d'abstinence, on passe de 1 paquet à 2 paquets par jour. C'est donc d'autant plus culpabilisant et humiliant d'en parler.
Le parent idéal existe ; c'est dommage, il n'a pas encore d'enfants.
La différence entre le burn-out professionnel et le burn-out parental
Comme cela a été mis en valeur par la psychologue Isabelle Roskam, le niveau de stress lié au burn-out parental est bien plus élevé que celui du burn-out professionnel. La raison est simple : quand vous êtes en burn-out à cause de votre travail, votre foyer, votre famille reste un refuge et un soutien. Dans la situation du burnout parental, il n'y a pas ou peu de zones de refuge. Dans le cas du burnout parental, il y a souvent un décalage entre le parent que l'on souhaite être et le parent que l'on est. Le propre même de l'éducation et de la parentalité est que l'on maîtrise très de peu de choses alors que l'on pense être en contrôle (contrairement au burnout professionnel où l'on dépend d'autres personnes) : on pense pouvoir construire son propre ecosystème familial selon ses principes mais en réalité, on ne peut pas tout faire ! Il est donc important pour avancer de faire le deuil du parent que l'on souhaitait être.
Pour aller plus loin vous pouvez retrouver la masterclasse décomplexante et pragmatique de Sabrina Féret-Hubert, hypnothérapeute, spécialiste du burnout parental et auteure de plusieurs ouvrages dont Curiosité et esprit critique chez l'enfant - 45 propositions d'éveils pour les 0-10 ans et Petits histoires hypnotiques du soir, aux éditions Dangle.
Le livre de référence : Le burnout parental, l'éviter et s'en sortir par Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam (éd. Odile Jacob). Un ouvrage clé pour trouver des solutions que cela soi pour soi-même ou pour apporter son soutien à des parents en difficulté.
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